Une approche économique
Quel est le problème?
Chacun a tendance
à donner accès à ses données (de tous types: qui je suis, ce que je fais, où je
suis, les choses qui m'entourent) à un très petit nombre de grandes entreprises
de l'internet, sans contrepartie autre que l'accès à des applications logicielles.
Ces quelques entreprises ont des milliards de revenus sur ces données, par des
recettes publicitaires, pour l'instant.
Il me semble y
avoir un problème d'équité et de redistribution de la richesse aux détenteurs
des données que nous sommes tous, en tant qu'individu.
[NB cette idée
n'engage que moi, en tant qu'individu, et pas mon employeur actuel]
Voici donc le
problème:
-PB1 la redistribution du bénéfice
de la valorisation des données
D’où vient la complexité?
On a donc des
milliards de très petits producteurs de données, les humains qui utilisent
internet depuis leurs téléphones ou leurs ordinateurs, téléviseurs,
navigations, etc... Ce sont effectivement les producteurs de données,
fournissant les grandes marques internet. On se trouve dans une configuration
symétrique des industries grand public où des produits sont vendus par quelques
marques en millions d'exemplaires (téléviseurs; téléphones, automobiles, etc).
-PB2 des nano-producteurs de données
(individus et leur voisinage) fournissent quelques entreprises intégratrices,
les grandes marques de l’internet.
Comment formuler le problème en des termes clairs
pour sa résolution ?
Caractéristique (i) nombreux fournisseurs
fournissant peu d’intégrateurs
J'ai cherché les
situations économiques semblables où des producteurs en grand nombre font face à
des entreprises clientes, intégratrices, et qui sont en petit nombre dans le
secteur concerné. Il y a, certes, l’automobile, avec son problème, classique et
traité, de gestion des fournisseurs, le « supply chain management ». J'ai trouvé le cas du café, plus proche
encore de notre problème d’économie des données, avec un grand nombre de petits
producteurs face à quelques grandes marques de café. Une solution qui a pris un
essor notable, et est critiquée pour cela malgré son intention louable et son
succès, c'est le système du commerce équitable « Fair Trade » qui
équilibre les relations, le jeu de pouvoir, et la redistribution économique,
entre les petits producteurs fédérés par « Fair Trade » et les
puissants acheteurs que sont les grandes marques (cf publicités, pour
l’illustration, montrant l'acheteur en costume de lin et chapeau, qui rend
"courageusement" visite aux producteurs indigènes lointains. C'est un
peu une version moderne du colonialisme vu aujourd’hui comme raciste des
publicités "Banania").
Caractéristique (ii) la valeur des données n’est pas reconnue
J'ai aussi
cherché dans l'histoire économique les cas où un autre paramètre économique
avait été mis à prix zéro, ou pas pris en compte et j'ai trouvé deux cas:
-crise de 1929, Keynes introduit le chômage et
la consommation comme deux
paramètres fondamentaux du bien-être social. Avant lui le chômage était
considéré comme structurel, un mal secondaire.
-révolution industrielle, Marx, faisant
suite aux travaux de Engels sur la condition ouvrière en Grande Bretagne,
introduit le
travail comme paramètre
économique fondamental, alors qu'avant lui le travail était secondaire face au
"Kapital" et aux actifs (immobiliers, machines, toutes propriétés).
Pour le problème
qui me soucie, nous avons aussi trois grandeurs fondamentales, dont une, qui
est mise à prix zéro arbitrairement: les données fournies par les individus.
Les deux autres grandeurs sont le logiciel (des applications informatiques des
téléphones et autres objets connectés) et le réseau de communication. On
accepte le prix et la valeur des logiciels, et des abonnements aux services des
opérateurs de réseau, alors que les données, si précieuses en réalité, ne sont
pas rémunérées.
Toutes
proportions gardées, si on suit l'analogie avec le travail dans l'économie de
production industrielle du XIXe siècle, on s'approche du travail à prix zéro
qui s'appelle l'esclavage.
Pour sortir de
cette situation, il faudrait donc des rapports équilibrés, et une
reconnaissance de la valeur des données, ce qui commence par la reconnaissance
de la propriété individuelle des données ...individuelles : mon
électrocardiogramme, mon trajet et ma position suivis en temps réel, qui je
suis, ce que je fais, avec qui et avec quoi... Ces données existent de toutes
façon, inutile de les ignorer.
-S2 Reconnaissance de la valeur des
données
Synthèse et conclusion
L’article qui précède
a établi la position du problème:
-PB1 la redistribution du bénéfice
de la valorisation des données
-PB2 des nano-producteurs de données
(individus et leur voisinage) fournissent quelques entreprises intégratrices,
les grandes marques de l’internet.
et ébauché deux
pistes à approfondir:
-S1 Le modèle Fair Trade est un
candidat raisonnable pour le rééquilibrage de la relation entre producteurs de
données (individus) et collecteurs-utilisateurs de données (entreprises
internet et leur clientèle d'entreprises).
-S2 Reconnaissance de la valeur des
données
Nous poursuivons
le travail et aborderons prochainement la microéconomie des données.
Pour approfondir, un lien web:
Publications de R. Di Francesco
Pour approfondir, un lien web:
Publications de R. Di Francesco
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